Photo : Michael Boehler

Le Tour du Canton, entre légèreté et audace!

 

Le Tour du Canton, c’est une course en 4 étapes. Une par semaine sur des parcours différents et bien souvent vallonnés allant de 7 à 10 km environ. Il y a le coup d’éclat d’un jour avec la possibilité de miser sur une étape taillée pour soi ou le classement général récompensant l’assiduité et la régularité sur 3 semaines. Ou tout simplement la volonté de se fixer un défi, sourire aux lèvres, entre collègues ou amis. Le Tour c’est avant tout une ambiance champêtre et la rencontre du tout Genève de la course à pied. On salue, on discute, on rigole, on se remémore l’étape autour d’un verre, on souffre, on refait le match… Mais c’est aussi une concurrence féroce avec un niveau élite aux avant-postes et les meilleurs populaires pour une place dans le top 10, le top 5 ou sur le podium. On se prend souvent au jeu et on regarde le général avec la pression et l’envie de garder son rang ou d’aller chercher devant.

A ce petit jeu et à titre personnel, je suis parti dans l’idée de me faire ma séance de mezzo sur le Tour en ajoutant un zeste de compét. Rien de plus. Mais bien sur j’avais en tête que ça allait être dur de ne pas céder à l’esprit de la compétition. Impossible même. Alors après les premières discussions d’avant course à Dardagny (première étape), j’ai été piqué au vif et ai admis que j’allais courir pour la place et le chrono. Evidemment.

 

Dardagny, une première étape qui pique…

Dardagny comme tout le monde le sait, c’est le vignoble genevois. Et c’est très vallonné. Rentré d’un mariage à l’étranger tard la veille de course et en manque de rythme, j’ai pris d’entrée le mur du Tour. Après 3 km de course j’étais dans les choux, accablés par la chaleur, les jambes éclatées et le ventre noué. Fini déjà? Alors 4ème de l’étape derrière Dias, Lyon et Welday, je n’attendais qu’une chose : que ça revienne de l’arrière. Mal dans les jambes, mal dans la tête, j’étais dans la phase d’acceptation de mon sort. Tant pis, c’est pas si grave, bôf on verra bien… Je boucle au final dans la souffrance et à l’agonie cette étape de 7.9 km et 119 m de dénivelé en 27’03 à une moyenne de 3’24 par km. Manque de chance, j’avais couru sur le même parcours 3 ans auparavant, déjà au Tour du Canton 1 minute plus rapide! Merci Strava et ses segments pour l’historique… Avec ma 4ème place à 30” de Daniel Welday, avais-je déjà perdu le podium?

Lancy, attaquer pour reprendre pied

Une semaine après et une bonne séance sur piste (2 x (6 x 400m,r40-45”)R3′ en 67” de moyenne)) plus tard, l’envie de courir à mon niveau faisait office de carburant. Sur un parcours plus court de 6.8 km et à priori plat (pas du tout en fait!), l’idée était d’attaquer et de tenir cette fois. Ce fût chose faite avec un départ en tête et une seule idée, faire des écarts. Arrivés en haut d’une belle descente, j’ai malheureusement dû m’avouer vaincu devant Dias et Lyon (déjà 1 minute devant au général après Dardagny tous les deux) mais gardais toutes mes chances avec Daniel. Chacun pour soi. Julien sur les talons de Sergio, moi sur les talons de Julien, Daniel sur mes talons. Dès lors, ne jamais se retourner car j’étais à bloc et voir Daniel plus proche que prévu (qu’était-il prévu en fait?) m’aurait achevé. 3 km ça peut être très long quand tu pousses à fond! Conscient que je n’étais pas si loin de la 2ème place, j’ai profité de me fixer cet objectif en me disant que ça m’aiderait. Au final, je suis passé la ligne vidé et me suis retourné pour compter l’écart. 23 secondes… 3ème de l’étape et 4ème au général mais avec 7 petites secondes. Espoir!

Puplinge, ne pas sombrer et limiter

Cette 3ème étape aurait dû être l’occasion de confirmer. Mais voilà, entre les étapes il peut se passer beaucoup de choses. Une douleur à la hanche déjà naissante après Lancy et confirmée par un 1000m en relais le jeudi midi au CERN en 2’38-2’40 (le lendemain de la 2ème étape) c’était déjà pas top. Un combo trop ambitieux diront certains… Ajoutez-y  un bon rhume attrapé durant le week-end et on se retrouve avec une autre lecture. Un passage éclair chez l’osthéo à la Colline était l’occasion d’entrevoir un espoir. Voilà comment on se retrouve sur la ligne après 6 jours sans courir et enrhumé: pas hyper confiant, défaitiste, stressé aussi probablement. Après l’arrêt de Lyon sur blessure, nous sommes tous remonté mécaniquement d’une place au classement général. Je devais donc me battre pour la 2ème place. Dès les premiers km, Sergio Diaz a fait progressivement le trou et nous nous sommes retrouvés Daniel et moi dans un duel implicite (ou plutôt explicite!), épaule contre épaule. Pas très confiant, je me suis focalisé sur les km qui passaient. Mais je ne lâchais pas étonnement. Le rhume n’allait donc pas avoir d’influence et ma hanche ne me faisait pas mal. Merde, pas trop d’excuse… Sur le parcours du Tour de Presinge où j’avais terminé 4ème du 10 km en mars (32’21) derrière… Daniel, aucun ne voulait lâcher. Nous avons donc fait 9 km épaule contre épaule à quelques centimètres l’un de l’autre. Dans les 2 derniers km, et dans une descente, encore, Daniel a réussi son pari. Il m’a fait sauter. Mais pas de beaucoup, 5 m, 10 m, 15 m. Je me suis accroché avec comme idée de minimiser l’écart. C’est dans les derniers 500m que j’ai réussi a revenir légèrement, à l’instinct et au mental pour ne concéder qu’1 petite seconde sur la ligne! 3ème de ces 10.2 km en 33’05, 3’14 par km de moyenne.

 

La suite au prochain numéro

Forcément, en embuscade à 8 secondes de la 2ème place, la dernière étape ressemblera à la seconde. L’attaque sera la seule option. Forcément…

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