Certains arrivent bien en avance pour contrer le décalage horaire (5h le jour de la course, avant le changement d’heure d’hiver) d’autres à la dernière minute pour rester frais. Puis il y a les dossards à aller chercher, une aventure en soi ! Outre les kilomètres marchés le samedi, tu te retrouves dans une marée humaine au Jacob K. Javits Convention Center (dont le plafond de verre allait « s’écrouler » sur Hillary Clinton 3 jours plus tard !), projeté dans une sorte de Black Friday anticipé. Le village marathon et ses articles de sport où ASICS, sponsor officiel, est roi. Une queue interminable pour payer et une frénésie de consommation. C’est ça New-York !

Le team de genevois était composé de Julien Salamun, Nathaniel Kleiner, Alain McLaren, Joris Husser, Alain Bartolini, Elodie Tercier et moi-même, le fidèle groupe du DHST (Dällenbach High Speed Team). Sur la ligne de départ, il y aura également Yannick Jeanmaire, Bruno Fries, Anthony Payot et Laurent Koglin pour ne citer qu’eux !

Jour de course, un réveil au pied levé !

Le lendemain, le réveil sonne tôt dans le quartier d’Harlem, où notre Airbnb se trouve. 4h30 du matin. 15’ de marche vers le métro pour attraper le ferry au sud de Manhattan à 6h. Puis c’est 30’ de traversée vers Staten Island. Puis c’est 40’ de bus vers le départ et le pont Verrazzano, bloqué dans des bouchons au cœur de pavillons résidentiels qui dorment certainement encore. Puis c’est la course pour laisser les sacs dans le camion qui les rapatriera à l’arrivée et rejoindre son corral (bloc ou enclot de départ). Et là on fait quoi ? On attend, 30’ environ… Puis le corral ouvre et on marche vers le départ, serré comme des sardines. Puis on attend 30’, puis… On part !

Départ, même pas mal !

La course débute sur le point Verrazzano puis bascule vite dans le quartier de Brooklyn. Un monde fou et un peloton séparé en 3 flux séparés en fonction des zones de départ, elles aussi séparées. Les premiers km sont faciles et passent rapidement au rythme des concerts et des encouragements de toute part. Au lieu des 4’ au km prévus vite fait avant le départ ma montre indique 3’48’’. J’essaye de freiner mais n’y parvient pas. C’est au bout de 10km que je me fais une raison et me lance « officiellement » sur cette base. La visite continue et je me surprends même à vivre l’état de grâce sur la Clinton Hill, km 15 ; je reprends des coureurs et j’ai la pêche.

Le quartier juif arrive ensuite et l’ambiance retombe d’un cran. Plus personne sur les bords de la route et quelques silhouettes timides comme seuls soutiens. Un signal inquiétant survient lorsque je me dis que mes jambes existent bel et bien qu’il faut fournir un effort pour les faire tourner. Temps de passage au semi-marathon en 1h21’ et projection dans la 2ème partie de course. L’euphorie a fait place au stress quant à l’idée de devoir refaire la même chose mais avec des jambes de second choix.

Queensboro Bridge, briseur de rêve…

Ce pont était annoncé et a tenu toutes ses promesses. Le grand prix de la montagne en quelques sortes. Au sommet, le passage au 25ème km. Et une souffrance digne de l’Alpe. A la sortie du pont, virage épingle puis virage à gauche et c’est la Première Avenue ! La Première Avenue… Après coup ça paraît logique mais sur le moment, ce fût une découverte intéressante. Près de 6 km de faux plat montant qui m’ont achevé, le mot est lâché. Ma moyenne au km en a pris un coup et l’arrivée dans le Bronx au son du « Welcome in Bronx ! » ne m’a pas réjoui, allez savoir pourquoi ! Les quelques virages de cette 4ème Borough ont fait office de coup de grâce.

Surmonter le mur entre moi-même et les Etats-Unis !

L’idée que mes compagnons genevois reviennent sur moi n’arrangeant rien, j’ai tenté de rester dans mon sport, la course à pied mais ai dû m’avouer impuissant au 34ème km. Il faut être curieux, alors je me suis essayé à la marche ! Finalement, Julien Salamun est apparu et m’a dépassé, puis c’était au tour de Nathaniel Kleiner, puis j’ai aperçu Richard Chalverat en bord de route (lui testait le mode spectateur) et me suis arrêté pour tenter de socialiser. Et je me suis rendu compte que nous étions à la 128ème rue, soit à 50m de l’appartement ! Comme j’avais oublié le code, j’ai choisi de continuer sans autre alternative mais la mort dans l’âme. C’est fou comme la roue avait tourné en quelque dizaines de minutes ! Au prix d’un effort certain, je me suis remis à courir et suis entré dans Central Park avec pour seul objectif de voir un jour la ligne d’arrivée de ce fameux marathon de New York.

Etonnement ! La fin fût moins dure que prévu et je coupais la ligne entamé mais avec le sourire, en voyant le chrono de 3h01’42’’ ! Le sentiment de fierté et d’étonnement d’avoir pu réaliser 3h01 à cet instant, après avoir marché près de 2 km au prix d’une souffrance terrible effaça tout le reste. 1 parmi 50’000 coureurs en quête de leur médaille !

Donald Trump tombe sur la tête des américains !

L’après course, c’est une bonne bière, les comiques descentes dans le métro, accrochés aux barrières et grimaçant de douleur, les gens boitant dans les rues, médailles autour du cou et l’élection de la présidente des Etats-Unis ! Euh non du président des Etats-Unis ! Confortablement assis dans un bar, prêts à manger et boire pour suivre ce moment historique, vécu de l’intérieur ! Très vite les télés du bar ont commencé à semer le doute sur l’issue finale et plus les bières s’enchaînaient, plus les fameux « swing state » s’enivraient eux aussi. Au final, épuisé comme on l’est 2 jours après un marathon, on s’est endormi pour se réveiller avec un sentiment étrange et une atmosphère étrangement calme. Gueule de bois ? Un peu, en tout cas, il pleuvait pour la première et dernière fois du séjour… La suite on la connait.

Résultats Overall de quelques genevois :

Yannick Jeanmaire, 295ème, 2h49’00

Julien Salamun, 518ème, 2h55’05

Nathaniel Kleiner, 839ème, 2h59’24

Alexandre Roch, 1011ème, 3h01’42

Anthony Payot, 1201ème 3h04’48

Alain Bartolini, 1887ème, 3h12’55

Elodie Tercier, 3351ème, 3h24’15

Laurent Koglin, 6797ème, 3h40’51

Joris Husser, 37829ème, 5h06’19

Bruno Fries, DNF

Alain McLaren, DNF

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