Vous aimez ramper sous des fils de fer barbelés, traverser un champ de boue ou porter des sacs de sable en courant à travers champ ? Alors laissez-vous tenter par les courses à obstacles ! Cette discipline, encore totalement inconnue du grand public il y a 10 ans est en plein essor et fait beaucoup parler d’elle à grand renfort de communication et d’images fortes. Mais au fait, qu’est-ce que la course à obstacle et d’où vient-elle ?

A l’origine, courir avec des obstacles était un sort réservé aux soldats, soucieux de développer leur forme physique en vue des combats. Dans l’Antiquité déjà, les romains s’entraînaient sur des obstacles. Mais il fallut attendre le 19ème siècle pour voir émerger des parcours structurés. Les guerres à répétitions exigeaient un entraînement régulier des soldats. Au début du 20ème siècle, le Français Georges Hebert développa une méthode basée sur l’enchaînement d’obstacles entrecoupés de périodes de course à pied. L’avantage était l’aspect global de ses sollicitations, travaillant l’endurance, la force, l’équilibre et le mental. Ces méthodes militaires s’exportèrent par la suite à la population civile et aux sportifs populaires.

La première course à obstacles officielle fût la Tough Guy, créée en 1987 par l’ancien soldat britannique Billy Wilson (appelé Mr. Mouse) dans la région de Birmingham. Les participants étaient avant tout masculin et le but était de pousser les participants au-delà de leurs limites.

Ce n’est qu’en 2009 que le mouvement explosa aux Etats-Unis avec la création de la Warrior Dash, suivie un an plus tard par la Tough Mudder et la Spartan Race. Alors que la Spartan avait ouvertement un objectif de résultat, la Tough Mudder mettait davantage en avant l’esprit d’entraide avec l’objectif de terminer. La Warrior Dash s’inscrivait également dans une note plus fun que purement compétitive. Emboitant le pas à ces « Big 3 » comme on les nomme, de nombreux événements ont suivi avec la StrongmanRun, la Mud Day, la Frappadingue en France ou la Spartacus Run en Suisse. La plupart de ces courses grand public mettent en avant le coté fun, le dépassement de soi et le challenge. Les classements par équipe et l’entraide entre les participants sont également encouragés. Et ça marche puisque sur les 7844 inscrits à la StrongmanRun d’Engelberg en 2015, plus de 1000 équipes étaient constituées ! StrongmanRun a même étoffé son calendrier avec une deuxième course, hivernale cette fois, sur les hauteurs de Villars-sur-Ollon.

 

Les marques à l’honneur

Nombre des grandes courses ont développé leurs propres séries à l’image de Spartan, StrongmanRun ou encore Mud Day. Ces labels se sont avant tout développés à grand renfort de marketing et de communication. Les marques ont d’ailleurs rapidement compris l’intérêt en termes de communication et d’image auprès d’un public souvent jeune et avide de sensations fortes. Ainsi, la Fisherman’s Friend StrongmanRun, la Reebok Spartan Race (jusqu’à fin 2017) ou encore la Mud Day powered by Mini mettent sur le devant de la scène leurs généreux sponsors en utilisant les leviers de communication offerts par les médias sociaux. Les participants relayent d’ailleurs eux-mêmes le message en postant leurs photos au passage des obstacles les plus fous sur internet !

 

Une élite qui s’organise

A l’instar du label Ironman, leader des triathlons longue distance et organisateur des championnats du monde de la discipline à Hawaii, Spartan organise désormais ses propres championnats. Son fondateur Joe De Sena, ne cache d’ailleurs pas ses ambitions, lui qui milite pour que la course à obstacles devienne une discipline olympique. En Europe, une fédération indépendante a été créée en 2017, la European Obstacle Sports Federation (EOSF) dans le but de chapeauter les fédérations nationales OCR (Obstacle Course Racing). Les circuits Spartan et OCR s’affrontent donc avec l’ambition de représenter la discipline au plus haut niveau. En Suisse, aucune fédération officielle n’existe encore et l’élite doit s’exporter. Il existe tout de même des groupes d’entraînement, notamment en Suisse Romande où une association à but non lucratif a vu le jour en 2017. THOR compte une cinquantaine de membre et encourage les personnes motivées à s’améliorer notamment en les accompagnant sur les courses majeures en Europe. Michael Mathieu, co-président de l’association, organise un entraînement par mois ouvert au public.

A l’instar de Grégoire Rezzonico, athlète franco-suisse établi à Genève et plusieurs fois vainqueur en Spartan, les helvètes doivent sortir de nos frontières. « Il n’y a aucune course estampillée OCR ou Spartan en Suisse, il faut donc aller à l’étranger, en France ou en Espagne pour y trouver de la concurrence et pouvoir se qualifier aux championnats ». Du côté de la fédération suisse d’athlétisme, on ne voit pas de concurrence entre les courses à obstacles et les courses à pied traditionnelles. Louis Heyer, entraîneur en chef courses à Swiss Athletics voit d’un bon œil le développement de nouvelles disciplines si elles encouragent les gens à bouger davantage, à l’image du trail par exemple. Cependant, une intégration à la fédération suisse d’athlétisme n’est pas envisageable pour l’instant. « A travers Swiss Running, nous soutenons la course de montagne et le trail, mais la course à obstacles doit encore se structurer et trouver un leadership clair au niveau des fédérations ».

Suite à l’explosion récente de sa popularité, la course à obstacles doit encore trouver ses marques, notamment pour une gouvernance internationale claire. Si le succès populaire de cette discipline est indéniable, seul l’avenir nous dira si l’on verra un jour l’OCR aux Jeux Olympiques.

Alexandre Roch

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